Dossier de presse | Exposition Trames II à Capsule 2017

A l'occasion de "TRAMES II" à Capsule, Philippe Berta expose une série de photographies inédites ainsi qu'une vidéo.

En parfait flâneur, c'est au long de ses pérégrinations artistiques urbaines que l'artiste dessine la trame de ses récits visuels.

Les photographies de Philippe Berta deviennent ensuite ondoyantes, fugitives, infinies, kaléidoscopes.

A travers son geste, la vie est multiple et mouvante, vivante et instable à chaque instant. Les couleurs apparaissent comme des vibrations d'un réel dans lequel le temps et l'espace n'existent plus. Pour cet observateur passionné, la photographie est une fugitive, qui court, et qui toujours, ouvre de nouveaux horizons.

Les lignes qui scindent les images de Philippe Berta sont autant de trames ouvertes à une continuité.

Des trames suivies par le collectif MaDe qui réalise une structure inédite au sein de l'espace de la Galerie Capsule. L'éternel est tiré du transitoire pour se faire lignes droites verticales perturbatrices. Avec sérendipité, le collectif MaDe a divisé l'espace et multiplié nos points de vues sur les œuvres.

 

© Amanda Jamme

Je mène en parallèle un travail de photographie plasticienne et d’installations. L’ensemble de ce travail questionne l’incidence de la perception visuelle sur le mental : le rapport que nous entretenons avec l’environnement et les éléments du quotidien.

C’est dans la vie réelle de l’individu que mon travail artistique prend sa source. Quelque soit sa forme, installations ou photographies, l’enjeu de ma démarche est le détournement du regard fonctionnel vers un regard ludique.

 

L’emploi de l’assemblage est au cœur de ce travail. J’assemble et je confronte des éléments entre eux qu’ils soient objets ou images photographiques ; des éléments divers qui peuvent parfois s’opposer, pour mettre en relation et déclencher des impressions subjectives.

 

Dans le cadre d’un projet spécifique, l’installation «Persistance du cadre II», accompagnée d'une série de photographies, a été l’occasion de confronter tous ces questionnements à la lumière considérée comme matière et forme. Réalisées en  collaboration avec Thierry CHARTIER, physicien du laboratoire FOTON du CNRS-ENSSAT, des scènes miniatures éclairées, sur un tas de gravats, sont le résultat d’expériences optiques de diffraction et de réflexion de faisceaux laser à l'aide de composants optiques (prismes, lentilles) et d'objets de la vie courante (objets en verre, tissus, miroirs...).

 

Par la photographie plasticienne, en fixant des instants fugaces du quotidien le plus prosaïque, je constitue une matière photographique de clichés pris sur le vif que je traite par découpes, déstructuration, assemblage au moyen d’une trame. Cette grille de lecture géométrique permet de perturber le regard machinal, automatique que l’on porte souvent sur les éléments constitutifs de notre environnement quotidien.

 

Cette démarche plastique n’a pas de sujet de prédilection. Mais elle a un cadre de plus en plus présent : celui de la ville. La ville est comme un terrain de jeu. Elle est le symbole de notre société, et pour moi, le cadre de travail où se concentrent des éléments qui s’opposent et s’attirent : mouvement/arrêt, foule/individu, verticalité/horizontalité, architecture/nature, concentration/dispersion... Autant de phénomènes ou formes du visible que j’assemble dans des dispositifs photographiques ou qui peuvent devenir le cadre d’installations.

Dossier de presse | Exposition Trames à l'imagerie 2014

TRAME n. f. (1764) SC. Structure d'un réseau  (1829) MOD. Ce qui constitue le fond et la liaison d'une chose organisée.

 

Philippe Berta a commencé à s'intéresser à la photographie en découvrant le film de Dziga Vertov, L'Homme à la caméra. Vertov propose là une vision du réel dans laquelle les plans, les angles de vues, les lignes et les formes prennent sens dans le montage qu'en fait le réalisateur.

On voit par cette référence que ce qui intéresse d'abord Philippe Berta dans le travail photographique, c'est l'assemblage des images, et non les images elles-mêmes. Et que ce soit le cinéma qui l'ait sensibilisé à la photographie n'est ni paradoxal ni anodin, tant la notion de mouvement est essentielle dans son travail.

Également sensible aux peintures abstraites de Kupka, aux géométries de Morellet, aux sujets «ordinaires» d'Eggleston, à la «Street Photography» et aux paysages picturaux de Robert Adams, l'artiste se définit comme plasticien, inscrivant son travail photographique dans ce qu'on appelle la « photographie plasticienne ».

 

C'est dans le quotidien le plus proche, le plus prosaïque et le plus anodin que Philippe Berta puise son désir de photographie. La démarche est ludique. Elle interroge les formes du visible : architectures, gestes, postures, paysages... etc. Et elle se nourrit d'une multitude de clichés.

 

La ville est le cadre privilégié de cette observation du monde physique environnant, par la richesse et la diversité des spectacles qu'elle offre au regard.

 

Et la question reste entière : quel «arrêt sur image» proposer dans ce flot de mouvements perpétuels ? Après les prises de vue vient donc la question du choix : les clichés sont classés et triés pour constituer une matière photographique à la disposition de l'artiste.

Dossier de presse | Exposition Persistance du cadre II - Biennale La science de L'art, Conseil Général de L'Essonne 2011

EXTRAIT DU CATALOGUE « LA SCIENCE DE L'ART » / PERSISTANCE DU CADRE II

 

Le temps d’une accommodation plus ou moins longue, le visiteur est plongé dans l’obscurité. A travers la diffusion de fumées en nuages de poussières et sur un fond sonore à la fois ténu et persistant, des images se distinguent ou se voilent. Cette perspective atmosphérique d’un lointain est accentuée par un axe de construction partageant l’espace en deux en sa diagonale. Cette construction savante reprenant les règles de composition du nombre d’or a été élaborée in situ.

 

Pour l’auteur, Philippe Berta, il s’agit, dans l’installation Persistance du cadre II, de mettre le spectateur dans un certain état mental, un état perceptif ouvert. La création sonore d’Emmanuel Egéa, participe au dispositif dont le but recherché est d’éveiller l’interprétation subjective de chacun. Le regard plongeant dans un brusque rabattement du plan vertical, les scènes se dessinent, des reliefs se découpent lorsque la lumière se fait matière. L’artiste utilise celle-ci comme matériau au même titre que les rebuts en une composition brute et éthérée pour bousculer les limites de la représentation. L’art n’est pas d’écouler des gravats mais d’entreprendre un acte de sublimation consistant à faire de la gravité une résurgence de pépites. Cette installation dont l’axe central est la perception visuelle, s’inscrit dans une problématique contemporaine exposée par l’artiste : « comment des effets de lumière choisis peuvent impressionner l’œil et rendre visible même ce qui reste dans l’ombre. »

 

L’intensité de la lumière est au cœur de ce projet, qu’elle soit obscurité ou clarté miniaturisée avec la précision d’un faisceau laser ou de points LED conduits par la fibre optique. Pour élaborer ces effets lumineux, mêlant espaces lointains ou rapprochés, masses colorées ou traces d’un mouvement, Philippe Berta et Thierry Chartier, physicien du laboratoire FOTON du CNRS-ENSSAT de l’Université de Rennes 1 ont conjugué leur talent en mettant en scène de nouvelles sources de lumière. Faire se rencontrer différentes sources de lumière et objets du quotidien en différentes surfaces accidentées est pour lui le moyen de "créer une atmosphère propice à la rêverie, au songe, à l’imaginaire, au questionnement", d’envisager la lumière comme source de réflexion.

 

Dans cette installation, Philippe Berta met en scène des composantes de la peinture comme le cadre, le surplomb, le clair-obscur et les contrastes colorés pour qu’à travers l’expérience vécue, se profile une image, une impression.

 

© Karine Maire

Dossier de presse | Exposition La petite exposition au Centre D'art Contemporain Passages 2008

Portrait de Dante

 

L’intime et/ou l’histoire.

 

Que peut-on dire de l’intime ? Est-il petit, grand, lié au présent, au(x) proche(s) ? Le lointain en est-il exclu ? Le lointain dans le temps ? Dans l’espace ?

 

J’ai pris une photo d’une sculpture de Dante devant la Santa Croce à Florence en 2003 ; Florence, berceau de la Renaissance. Que peut avoir à faire l’intime avec un passé aussi lointain que cette figure de Dante ? Dante, homme politique, écrivain et poète italien de la fin du XIIIème et du début du XIVème siècle.

 

Puis-je prétendre vivre mon époque en m’intéressant à des figures anciennes ?

Quel(s) rapport(s) j’entretiens avec le passé, mon passé ou le passé collectif ? La mémoire collective ?

Quel(s) rapport(s) j’entretiens avec l’histoire ? Quelle(s) incidence(s) cela a-t-il sur mes perceptions ?

 

Quel(s) rapport(s) entretient notre époque avec l’histoire ? Quelle(s) représentation(s) nous faisons-nous de cette histoire : mythes, symboles, légendes… etc.

Néophytes en art ou historiens d’art ne se retrouvent-ils pas égaux devant les représentations de ces représentants du passé ? En quoi l’histoire nous construit-elle ? L’histoire culturelle ?

Comment l’histoire nous construit-elle ? Notre rapport à cette histoire n’est-il pas à double tranchant : jusqu’où le passé, l’histoire culturelle, nous construisent-ils ? Et à quel moment nous détruisent-ils ? Nous détruisent-ils un jour ? Faut-il (alors ?) s’en détacher ? Peut-on s’en détacher ?

 

En ce qui concerne l’histoire culturelle, peut-on imaginer un homme trop cultivé ? Est-ce que cette question a un sens ? Est-on plus critique, le goût s’affine-t-il quand la culture augmente ? Est-ce que la culture, le « trop » de culture, peut devenir dangereux ? Quel(s) rapport(s) la culture entretient-elle avec le savoir ? Et quel savoir ? : connaissances générales, culture générale, particulère, intime, connaissance de soi, des autres ?

 

La culture change-t-elle notre vie ? Fondamentalement ? N’est-ce qu’un loisir, un passe-temps, du snobisme ? Nous amène-t-elle à nous poser des questions sur notre propre vie ? Ces questions changent-elles le cours de notre vie, de notre pensée ?

 

Peut-on imaginer un être humain sans culture ?

 

La culture rend-elle libre ? Rend-elle plus sensible ? Peut-on certifier qu’être cultivé c’est être forcément plus intelligent que si on ne l’était pas ? Une fois très cultivé peut-on encore évoluer ? Comment ? Pour quelles raisons ? La culture n’est-elle qu’une accumulation de savoirs ? Si non, que faire de la culture ? Quelle utilité pour l’homme ?

 

Quel(s) rapport(s) notre culture entretient-elle avec l’indicible ?

Et l’art avec la culture ?

La culture pour qui ? L’art pour qui ?

 

Avec le « portrait de Dante » j’ai commencé à me poser ces questions. Elles ont alors ouvert une problématique inconnue de moi. Elles m’ont semblé plus significatives de ma démarche que n’importe quelle autre affirmation discursive ; qui apparait toujours, à mes yeux, comme une totalité souvent suffisante et fermée. Ces questions me semblent en outre plus appropriées à un travail en cours.

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